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Motif artisanal 07 : Khajiits

Motif artisanal 7 : les Khajiits

Compilation des notes du docteur Alfidia Lupus, pour une série de pamphlets sur les styles culturels dominants de Tamriel
(le Dr. Lupus fut l’Ethnographe impériale du potentat Savirion-Chorak de 2E 418 à 431)

Lorsque je revins chez le pro­fes­seur ce matin, ma prio­ri­té était de pré­sen­ter des excuses à Divayth, mais Seif-if m’ap­prit qu’il était sor­ti# : il avait emprun­té la chambre du por­tail, pro­non­cé une incan­ta­tion et n’a­vait lais­sé der­rière lui qu’une odeur de brû­lé. Je me réso­lus d’al­ler de l’a­vant# : rien de tel que le tra­vail pour me chan­ger les idées. Je me mis donc en quête de Morian.

Je trou­vai le cher vieil homme atta­blé devant la fin de son petit déjeu­ner. Lorsque j’en­trai dans la cui­sine, il faillit ren­ver­ser sa tasse dans sa hâte de se lever pour s’in­cli­ner devant moi# ! Je lui annon­çai vou­loir écrire quelques notes sur les Khajiits, et lui deman­dai s’il connais­sait l’un de ces hommes-chats, puisque tel n’é­tait pas mon cas. Il me répon­dit connaître exac­te­ment la per­sonne qu’il me fal­lait, et qu’il se ferait un plai­sir de m’ai­der, puisque « cet iras­cible Telvanni » avait pris sa journée.

J’étais sou­vent pas­sée devant le camp nomade des col­por­teurs Baandari devant la porte du mar­ché, sans jamais y entrer. J’imagine qu’une pru­dence incons­ciente, héri­tée des mises en garde de mon père, m’en avait rete­nue. Sans par­ler de l’o­deur sai­sis­sante. Et puis, j’ai tou­jours pré­fé­ré les chiens. Mais Morian s’y enga­gea sans hési­ter, et me condui­sit à une tente ornée de dra­peaux de prière colo­rés. Je sui­vis Morian à l’in­té­rieur, où il me pré­sen­ta madame Shizahi-jo, dont il pré­ci­sa qu’elle était une sor­cière kha­jii­ti consa­crée à Azurah et Magnus. Quoiqu’assise en posi­tion du lotus, elle s’in­cli­na avec poli­tesse – les hommes-chats sont plus que souples – et nous indi­qua deux cous­sins tout en s’en­qué­rant de ce qu’elle pou­vait faire pour nous.

Nous eûmes une longue et ravis­sante dis­cus­sion. Il existe des res­sem­blances super­fi­cielles entre les motifs et styles adop­tés par les Khajiits et les Rougegardes, peut-être par la force des envi­ron­ne­ments chauds et arides où ils vivent. Mais alors que les Rougegardes pré­fèrent les longues courbes fluides, les hommes-chats ne jurent que par les formes lunaires, cir­cu­laires ou cres­cen­ti­formes. Les formes de Masser et Secunda dans toutes leurs phases sont omni­pré­sentes sur les vête­ments et orne­ments kha­jii­tis. La faux d’argent du crois­sante de lune rap­pelle aus­si les griffes kah­jii­tis, qui se rétractent entre les cous­sins de leurs pieds et de leurs mains, menace sub­tile mais tou­jours pré­sente pour les races moins sauvages.

Shizahi-jo nous pré­pa­ra du thé – très sucré, comme tout ce que les Khajiits consomment – puis deman­da à voir les feuilles de thé au fond de ma tasse. Elle les agi­ta du bout du petit doigt, et annon­ça qu’elle dis­cer­nait à pré­sent l’ob­jet de mon inquié­tude# : j’a­vais lais­sé ma peur dis­si­mu­ler mon désir et m’as­som­brir le cœur. Le bal­bu­tiai quelque com­men­taire sur la façon dont Divayth avait ten­té de m’embrasser, et Moria en échap­pa sa tasse, qui écla­bous­sa la pauvre Shizahi.

Je crus qu’il allait explo­ser de rage, mais au lieu de cela, il fut pris de tris­tesse, puis m’a­voua l’é­ten­due de ses sen­ti­ments pour moi. Ce fut tout à fait char­mant. J’en fus sin­cè­re­ment émue. La Khajiiti fit une sor­tie dis­crète, et nous res­tâmes assis sur ses cous­sins, à par­ler pen­dant ce qui sem­bla des heures.